La légitimité électorale ne peut reposer sur la confusion interne : pourquoi la nomination de Kamto par le MANIDEM doit être sérieusement examinée

La nomination de Kamto par le MANIDEM en 2025

La nomination de Kamto par le MANIDEM en 2025 fait déjà débat au Cameroun. Bien que ses partisans défendent la légalité de cette candidature avec un argumentaire en 14 points, plusieurs incertitudes juridiques et politiques persistent.

Alors que le Conseil Constitutionnel s’apprête à statuer sur les candidatures reçues pour l’élection présidentielle d’octobre 2025 au Cameroun, une candidature suscite une vive controverse sur les plans juridique et politique : celle du professeur Maurice Kamto, investi par une faction du MANIDEM dirigée par M. Anicet Ekane.

La nomination de Kamto suscite un débat juridique et politique



Les partisans de Kamto présentent une justification en 14 points affirmant la légalité de sa nomination, la présentant comme juridiquement et administrativement incontestable. Or, une analyse constitutionnelle et politique plus approfondie révèle que cette nomination est loin d’être exempte de contestation.



Voici pourquoi le Conseil Constitutionnel ne doit pas valider cette candidature sur la seule base de formalités procédurales.



1. Être un parti autorisé ≠ Légitimité interne


Bien que le MANIDEM figure sur la liste officielle des partis autorisés, cette reconnaissance ne confirme pas la cohésion ou la légitimité interne. L’article 121 du Code électoral exige qu’un candidat à la présidence soit investi par un parti politique en bonne santé juridique et organisationnelle. Dans le cas du MANIDEM, la direction de M. Anicet Ekane reste contestée et non tranchée par la justice.



2. Un processus de nomination contesté


Les partisans de Kamto affirment que sa candidature a été validement soumise par le “Comité de direction” (CDM) du MANIDEM, créé lors du congrès de 2018. Cependant, ce congrès – et les changements qui en ont découlé – ont été contestés dès leur origine par d’autres factions du parti.

Le retrait ultérieur de la plainte judiciaire déposée par M. Dieudonné Yebga ne vaut pas décision judiciaire sur le fond. Aucun tribunal n’a confirmé la légalité du CDM ni reconnu M. Ekane comme président incontestable. La légitimité de la candidature de Kamto demeure donc politiquement fragile et juridiquement incertaine.



3. La reconnaissance du MINAT n’est pas une décision de justice


La lettre du MINAT du 17 juillet 2018 reconnaissant M. Ekane comme président du MANIDEM est souvent citée comme preuve. Mais le MINAT n’a pas compétence pour trancher les litiges internes des partis. Il se limite à accuser réception des documents. Seuls les tribunaux administratifs peuvent statuer sur la validité des changements dans l’organigramme d’un parti.



4. Un précédent électoral ne justifie pas une irrégularité future


Le fait que le MANIDEM ait participé aux élections municipales et législatives de 2020 sous la direction d’Ekane ne constitue pas une validation automatique pour une élection présidentielle, qui exige un niveau supérieur de conformité constitutionnelle. Une pratique entachée dans le passé ne doit pas fonder une légitimité électorale future.



5. Le silence ne vaut pas légitimation


L’argument selon lequel l’absence de recours judiciaire récent équivaut à une approbation est juridiquement erroné. L’inaction d’un tribunal ne signifie pas que le litige est tranché. Le Conseil Constitutionnel doit s’interroger non sur ce qui n’a pas été contesté, mais sur ce qui reste non résolu.


6. L’intégrité électorale commence par la démocratie interne


Si le professeur Kamto, qui se présente comme défenseur de la transparence électorale, accepte une investiture entachée de contestation, que penseront les électeurs ? On ne peut exiger des élections transparentes tout en contournant la démocratie au sein de son propre parti.



CONCLUSION : Le devoir du Conseil Constitutionnel est de faire preuve de prudence


Le peuple camerounais mérite des candidatures claires, non des jeux d’ambiguïtés juridiques. La candidature à la présidence doit être libre de toute factionnalisation, confusion administrative et stratégie procédurale opaque.

Le Conseil Constitutionnel doit examiner la légitimité substantielle, et non se limiter aux apparences. Il doit protéger l’ordre constitutionnel contre les manipulations politiques.



Faire ce qui est juste, ce n’est pas valider la confusion — c’est affirmer le droit.

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